1991 : la guerre du Golfe prend fin, le bloc soviétique s’effondre, la France nomme pour la première fois une femme comme Premier ministre, début de l’affaire Omar Raddad (OMAR M’A TUER), l’homme à la tête de choux et Freddy Mercury quitte ce monde.
Ed Sheeran, Antoine Griezmann et Vianney, voit le jour.
Schwarzy crève l’écran dans Un flic à la maternelle et Terminator 2. Autre gros succès : Danse avec les loups.
Du côté des productions françaises, nouveau succès de Jean-Marie Poiré avec L’Opération Corned-Beef, qui convoquera trois ans plus tard le même trio Lemercier-Clavier-Reno pour Les Visiteurs. Sinon apparait également Lhermitte donnant la réplique à Miou-Miou, Eddy Mitchell, Michel Boujenah et Jean Benguigui dans La Totale ! qui fera l’objet d’un remake True Lies interprété par … Schwarzenegger (la boucle est bouclée).
Au salon de Francfort, Renault présente un nouveau concept S.C.E.N.I.C.
Conscient que tout le monde ne peut pas s’offrir un Espace, qui a toujours eu un positionnement haut de gamme, Renault imagine dès la fin des années 80 un monospace plus court et qui serait vendu moins cher que l’Espace, tout en reprenant une bonne partie des recettes du succès de ce dernier.
Dessiné par Anne Asensio (rare femme à l’époque à diriger un programme de style d’un modèle, quand ses collègues devaient se contenter de s’occuper des couleurs et matières) le concept fait sensation.
Ce concept comme son grand frère, est tourné vers la famille, les découvertes, le partage et ouvert sur l’extérieur.
Le concept est modulable c’est ce qui en fera tout son charme.
La « découverte du monde » se retrouve aussi à l’intérieur, cinq sièges de couleurs différentes, brodé chacun d’un nom de continent.
Le concept est doté de caméra à la place des rétroviseurs (preuve que l’idée est loin d’être nouvelle, mais apparait depuis peu chez certains constructeurs auto). Mais également d’un détecteur de fatigue. (qui équipera la quatrième génération de Scenic)
La concurrence ? Elle panique ! Dans la tête de nombreux « pontes » de l’automobile, c’est « Et mer**, Renault nous refait le coup de l’Espace ! »
Citroën rappliquera en 1994, en présentant le concept Xanae au salon de Paris.
On retrouve les caractéristiques du concept Scénic : ouverture des portes spécifique afin de faciliter l’accès à bord, sièges avant pivotants, grande surface vitrée…
Deux ans plus tard, Renault commercialise le Scénic et c’est un succès. Un an après son lancement, il est élu voiture de l’année.
Conçu avec les enfants des ingénieurs, il est doté d’un nombre important de rangements, de « cachettes » et de trappes dans le plancher.
Places arrière indépendantes, tablette au dos des sièges avant, tablette de coffre modulable, double toit électrique… C’est un carton !
Citroën commercialise son Picasso en 1999, Renault répond avec le restylage, la face avant s’éloignant de la Mégane.
Un an plus tard, Renault lance la version RX4, avec garde au sol rehaussé, transmission intégrale, protection de carrosserie spécifique, suppression du hayon arrière, au profit d’une ouverture façon porte de frigo et lunette ouvrante. Toujours dans cet esprit de « découverte du monde ». Renault s’étant essayé à l’aventure « crossover » avant l’heure.
Si le Picasso à largement copier le Scénic sans vraiment innover, Opel apporte une première mondiale avec son Zafira, étant le premier monospace compact 7 places du marché.
Renault ne se repose pas sur ses lauriers et penche déjà à la suite à donner.
En 2003 Renault présente la seconde génération.
Les lignes rappellent celles de la Mégane 2, en particulier la partie arrière.
Si le premier Scenic s’appelait parfois Mégane-Scénic, désormais c’est Scénic et il n’y a plus qu’un discret monogramme Mégane sur les montants de portes arrière.
À l’intérieur fini le tableau de bord de la Mégane, place à une planche de bord inédite et digitale comme son grand frère l’Espace.
Dans l’habitacle les aspects pratiques sont conservés, avec la présence de trappes dans le plancher, de tiroirs sous les sièges, les tablettes aviations et l’arrivée d’un rangement central coulissant électrique, permis par la rehausse du levier de vitesse.
Pour la première fois, le Scénic se dédouble et propose comme l’Espace une carrosserie longue baptisée « Grand ». Il permet de proposer 5 et 7 places dans cette carrosserie.
Fidèle à la réputation de Renault, il sera le premier monospace compact à décrocher les 5 étoiles EuroNCAP, à proposer un frein à main électrique, à pouvoir se doter de projecteurs au Xénon, de la carte mains libres et des capteurs de pression des pneus.
Le Scénic sera restylé en 2006, en arrondissent légèrement ses lignes et l’arrivée de feux arrière à LED.
Cette génération aura aussi droit à sa version « aventurière », fini la transmission intégrale peu fiable, l’arrière spécifique, le tout venu d’Autriche. Place désormais au parfait kit de baroudeur, avec toujours protection spécifique, garde au sol augmenté de 2 cm et barre de toit. Mais il existe qu’en version deux roues motrices. Il sera appelé Conquest.
En 2008 deux prototypes sont construits sur la base de Grand Scenic. Les Scénic ZEV H2, fonctionnant à l’hydrogène. Fruit de la collaboration entre Renault et Nissan. Renault s’occupant de l’intégration de la PAC (pile à combustible) dans le véhicule, Nissan apportant son expertise sur la technologie hydrogène avec les expériences menées au Japon avec des X-Trail. La face avant est spécifique pour laisser entrer plus d’air nécessaire au fonctionnement de la pile. Le moteur offre 120 ch. La vitesse maximale est de 160km/h. Les accélérations sont un peu plus lentes qu’une version dCi 130 équivalente, avec environ 4s de plus sur le 0 à 100km/h, mais aussi 300 à 400kg de plus liée à la batterie, la PAC, les réservoirs et tout le nécessaire au fonctionnement.
Le coffre est en partie amputé afin de loger le réservoir d’hydrogène et la batterie, mais comme Renault est partie sur une base de Grand Scenic, il est encore possible de loger des bagages.
À l’intérieur, peu de changement, si ce n’est la sellerie dite « bubulle », des touches de bleu sur la console centrale et bien sûr le tableau de bord spécifique afin d’afficher les flux d’énergies, le niveau d’hydrogène dans le réservoir…
Le réservoir embarque 3.7kg d’hydrogène (oui on n’utilise pas des litres, mais des Kg) sous 350 Bars, permettant de parcourir 350km, mais Renault promettant que le réservoir est conçu pour accepter 700 Bars, portant l’autonomie à 500km.
En 2009 Renault présente le Scénic de troisième génération. Toujours en deux longueurs. Particularités, la face avant et les feux arrière sont différents en fonction de la version longue et courte. En effet le Grand Scénic voit ses feux empiéter sur les ailes, tandis que le court, les feux reviennent sur le hayon.
La face avant est également spécifique. Ainsi la version courte reprend les « crocs »de la Mégane coupé, la version longue utilise un bouclier plus classique.
Renault a opéré une montée en gamme avec cette troisième génération. Comme pour la Mégane 3 dont il dérive. Matériaux de meilleure qualité, assemblage revu, mais aussi la partie châssis est modifiée. Ainsi s’il reprend la plateforme de la seconde génération, les trains roulants et la direction se sont améliorés afin de le rendre plus dynamique. Certes il n’y aura pas de version Renault Sport, mais l’agrément de conduite progresse, évitant l’effet mollasson, tangage et roulis qu’avant l’ancien et dans un certain sens le C4 Picasso. C’est l’un des plus dynamiques à conduire avec le C-Max.
Le tableau de bord est toujours de type central, mais fini l’éclairage bleu, place à technologie LCD de type TFT comme sur certains écrans de télévision ou de smartphone. Permettant ainsi de personnaliser (dans une certaine mesure) les informations affichées.
Renault conserve les sièges arrière indépendants, extractibles (mais relativement lourd), la console centrale avec rangement coulissant, les trappes dans le plancher et voit l’arrivée de la caméra de recul, du GPS TomTom et des appuis-tête dit Grand Confort, permettant de régler le soutien latéral de la tête.
Cette génération sera aussi décliner en version tout chemin dite X-Mod. Au menu : protections de carrosserie, garde au sol rehaussé, barre de toit, pneus M+S (mud and snow, soit boue et neige) offrant une meilleure adhérence sur sol meuble et présence de l’Extended Grip (en option). Une molette sur le tableau de bord permet d’intervenir sur la réponse de l’ASR (antipatinage) en fonction du type de sol rencontré. Cette version se reconnaît également par une console centrale fixe et la présence d’un frein à main manuel !
En 2011 Renault présente le concept R-Space annonçant le futur Scénic. On retrouve un toit vitré, des portes arrière à ouverture antagoniste et la modularité est simulée par des cubes motorisés. Les couleurs évoquent la famille réunie au petit déjeuner (couleur de carrosserie jaune miel, les cubes blancs évoquent le lait, les marrons le café…). Il faudra attendre cinq ans avant de voir la version de série.
Cette quatrième génération s’inspirent toujours de l’Espace (qui est à sa cinquième génération) reprenant le système One touch, comprenez par-là que les sièges peuvent s’escamoter dans le plancher en appuyant sur une touche de l’écran central ou via une commande dans le coffre.
Par ailleurs il reposera également sur la nouvelle plateforme modulaire de l’Alliance la CMF-CD commune à l’Espace, tout comme l’affichage tête haute, le régulateur de vitesse adaptatif, le système multi-Sens, l’écran central en position verticale… Nouveauté le tableau de bord migre de nouveau derrière le volant. On retrouve toujours le rangement central coulissant et électrique. À l’arrière fini donc les sièges arrière indépendants place à une banquette en deux parties.
Côté look, il s’inspira fortement du concept R-Space de 2011, avec la même couleur de lancement.
Conscient que les chiffres de vente déclinent, Renault a douté de l’intérêt de lancer une quatrième génération de Scénic. Depuis 2009 Renault à embaucher Laurens van den Acker à la tête du design du groupe. S’il était intervenu à minima sur l’ancienne génération de Scénic, il est à l’origine de nombreux concept-car de la marque annonçant le renouveau stylistique de Renault. C’est sous sa direction que sera conçu le concept R-Space et donc la version de série.
Un virage est opéré pour redynamiser les ventes pour cette quatrième génération. Au programme roues de 20 pouces pour toute la gamme (et pas juste les versions hautes), peinture bi-ton, look plus sportif, bas de caisse façon SUV, présence de nouvelles technologies pour Renault, comme le freinage automatique d’urgence avec détection des piétons et le détecteur de fatigue qui avait fait son apparition sur … le concept de 1991 !
Toujours déclinés en deux longueurs pour proposer 5 & 7 places, les feux sont également différents. Le court s’inspire des feux de la Clio Estate, quand la version longue s’inspire de l’Espace (encore lui !)
Cette version n’aura pas droit à une déclinaison baroudeuse contrairement aux autres générations.
Toujours produit à Douai dans le Nord de la France depuis la première génération (à l’exception de la version RX4 donc), le Scénic se retire peu à peu des chaines de montage.
Si la première génération s’écoula à plus de 2 millions d’exemplaires, la seconde génération fera un peu moins bien avec 1,2 million d’unités, la troisième n’atteindra pas les 500 000 ventes et la quatrième atteignant moins de 350 000 modèles produits.
Pourquoi ce déclin ? Car la carrosserie monospace a fait son temps. Apparus dans les années 80 et déclinés donc dans les années 90, les clients se sont lassés. Car s’il faut reconnaitre de nombreux avantages (modularité, habitabilité…) le look a relativement peu évolué et parfois ressemble à une « camionnette » même si certains ont fait des efforts. Autre concurrence celle des SUV et autres Crossover, qui a le vent en poupe. Les monospaces se sont pris aussi un retour de bâton. S’ils ont séduit les familles, ce sont souvent au détriment des berlines dites « familiales » telles les BX, Xantia, R21/Nevada, 405/406 voir pour ceux qui pouvait se le permette les versions entrée de gamme des grandes berlines type Safrane, R25, XM et consorts. Ce sont à leur tour de se voir délaissés par les familles au profit des SUV donc, ayant un style plus séduisant aux yeux des consommateurs.
Autre facteur, le Scénic est devenu parfois un nom générique (comme Kleenex, Stabilo ou Frigidaire), ayant pour avantage d’être installé dans l’esprit de nombreuses personnes, mais cela a eu aussi un côté négatif, trainant cette image de famille « plan-plan ». Mais si voyons, le mariage, les deux enfants, le chien, les sorties du samedi dans la zone commerciale en mangent chez Flunch, les vacances en camping, le poulet rôti chez belle-maman le dimanche, le pavillon en banlieue et le fameux Scénic garé dans l’allée du dit pavillon… Alors que tout le monde pensait que le Scenic allait disparaitre dans l’indifférence générale, Renault présente en mai 2022 le SCENIC VISION.
Il n’a plus rien du monospace, surtout plus ce côté monocorps. Capot plat et long, style SUVisé… Il n’a plus grand-chose à voir. Toute fois on retrouve certaines caractéristiques vues sur les concepts Scénic : portes arrière à ouverture antagoniste, toit vitré… Côté moteur ce concept est hybride, électrique et … hydrogène ! La boucle est bouclée. Le moteur prend place à l’arrière, la batterie est intégrée dans le plancher comme sur la Mégane E-Tech, le réservoir de 2,5 kg s’intègre sous le capot avant. Le tout promettant 800km d’autonomie. Toutes fois si ce concept annonce bien un nouveau Scenic à l’horizon 2024, il ne sera pas à hydrogène, mais bien 100% électrique et étroitement dérivé de la Mégane E-Tech et se muera en SUV.
Pourquoi ? Car le nouveau big-boss de Renault compte capitaliser sur les noms évocateurs et couronnés de succès. Ainsi la version 7 places du nouveau SUV Austral, s’appellera Espace, quand l’Espace 5 quittera les chaines de montage de Douai. Renault n’est pas le seul à faire ainsi, Ford qui commercialisa un petit coupé sur base de Fiesta dans les années 90, nommé Puma, reprendra ce nom pour lancer un petit SUV en 2019.
Au fait pourquoi S.C.E.N.I.C ? Pour Safety Concept Embodied in a New Innovative Car soit Concept de Sécurité Intrinsèque dans une Nouvelle Voiture Innovante.
Anne Asensio ? Après avoir travaillé chez Renault dans les années 2 000, elle intègre GM et devient directrice du design pour les huit marques du groupe et doit donner une identité à chaque constructeur de la General Motors. Elle aura notamment dirigé le style de la Cadillac Sixteen présenté en 2003.
Concept de démesure par excellence (on est aux USA !) Ce concept mesure 5m70 !
Plus long donc qu’un Bentayga EWB et 23cm de plus que la Mercedes-Maybach Class S pourtant longue de 5m47. Sous le capot un V16 ! Oui, oui, (d’où le nom) en référence aux moteurs V16 produits par la marque dans les années 1930. Le « moulin » de 13,6 litres crache plus de 1 000ch (soit autant que la Bugatti Veyron de la même époque) et plus de 1 400Nm de couple (un Audi Q7 V12 TDi comptera 400 Nm de moins) Le tout accouplé à une boite auto à … 4 rapports !
Elle s’occupera du design de la Camaro Concept, de la Volt Concept et la Pontiac Solstice de 2002 entre autres.
En 2007 elle rejoint Dassault System.
Pour revenir au Scenic on se quitte avec quelques vidéos: